Soirée
Jeux de Langue
Au
Thé au Harem d’Archie Ahmed
Texte
collectif avec contrainte à chaque vers
-
Aussitôt.
-
Viendras-tu aussitôt que tu auras fini ?
-
Oui, aussi tard aussitôt.
-Nom
de Dieu !
-
le pape est aussi tôt déjà mort ?
-
Mort, vivant, à moitié mort, à moitié vivant, mort-vivant,
vivant-mort, complètement mort
-
momifié, modifié, mouliné, boudiné.
-
Paupauter !
-
Un va-et-vient déjantement céleste.
Collectif
Franchement,
Mais
alors là, franchement, où vas-tu ?
Franchement,
tu as perdu la tête !
Tête à
claques !
Franchement,
tu m’aimes ?
Autant
que le grille-pain, la savonnette, l’ampoule économique,
l’aspirateur, la belle-mère, la brosse, le cure-dents,
Le
verre, l’assiette, le couteau et la fourchette
Manger
Une
femme irrémédiablement adorable
Collectif
Malencontreusement
Pourquoi
tu m’écris ça, « malencontreusement » ?
Parce
que vivre malencontreusement est le vrai exploit !
Un
véritable exploit !
Est-ce à
dire « malencontreusement » ?
Oui en
mal, oui en contre, non par hasard, non « je ne sais si »,
mais oui, ça marche, il n’y a pas de mal, tout contre la vie
La vie
contre la mort, il n’y a plus d’espoir, mais non ça ne marche
pas, oui je le sais.
Finir !
La belle
affaire, vraiment !
Collectif
Non
Pourquoi
dire toujours non ?
Parce
que non ne dure pas
Que
tu crois !
Que
mets-tu dans ton non ?
De
Dieu, d’oiseau, de non, d’un chien, de non, merci, du tout
Après
vous, je n’en ferais rien, je vous en prie, non merci
Circuler
La
contrainte difficile, maintenant
Collectif
Re
belgitude
Où va
rebelgitude ?
La
rebelgitude va à dos d’âne…
Mais bon
sang !
Boirais-tu
du sang coulé de rebelgitude ?
Certainement
pas, jamais au grand jamais, pas du tout ce n’est pas mon genre,
c’est hors de question ! tu m’as bien regardé ? Non,
peut-être ?
Je suis
végétarien et j’ai peur des microbes
Pas de
rebelgitude qui tienne. Je ne bois pas de ce pain-là
Se
casser !
Une
fugue wallonne, mystérieusement.
Collectif
Incomparablement
Suis-je
l’écrivain du XXIIe siècle ?
Non je
suis incomparablement un non-écrivain
Alors
tapis rouge !
Mais
incomparablement quoi ?
Incompréhensible,
sensible, vagabond, saturé, fier, désarmé, moi
Vif,
hilare, étonné, moi
Emporter
L’incomparable
livre, demain.
Collectif
Bon !
Mais le
bon est où ?
Allons
bon, le bon est à venir
Et mon
cul ! tu le vois venir ?
Encore
une fois : le bon est où ?
Devant,
derrière, debout, en haut, en bas, partout, nulle part
Dans le
microscope, autour du champignon qui mange la grippe, à l’ombre de
l’olivier, du salon
Procrastiner
Une
longue vie délicieusement
Collectif
Cloche
Que
chante une volée de cloches un soir ?
Elle
chante : dehors les clochards de Marolles, voilà ce qu’elle
chante, la cloche !
Dong
dong dingue !
Qu’est-ce
que les clochards entendent ?
Le bruit
des voitures qui passent, les pas des piétons, le cri des enfants,
et celui des mouettes.
L’eau
dans les gouttières et tous les clapotis des villes. La rumeur des
villes
Les
gargouillis de leur ventre, les rots de leur bière, le bruit de
chasse d’eau de leurs dégueulis, le son de la cloche de bois
Crier
Le son
noir, résolument
Collectif
Banqueroute
N’allons-nous
pas tous vers la banqueroute
Banque
route ? non ! les banksters à la lanterne
À la
lanterne !
Les
charlatans connaissent-ils la banqueroute ?
Pas plus
que le pain sec, l’eau tiède, la rivière tarie, la plaine aride,
l’océan évaporé, mars oubliée, la grippe de l’olivier
La
rivière ensorcelée, une peau de chagrin, un lapin édenté, ma mère
décédée
Oublier
La
banqueroute finale, inexorablement
Collectif
Rôti
Quoi,
rôti, quel rôti, où ça du rôti ?
Un rôti
de veau, un rôti de porc, un rôti de bœuf, un rôti de cheval, un
rôti de bébé mort-né, un rôti de vieux con, un rôti de jeune
vierge
Un rôti
de colombe, un rôti de lumière, un rôti d’arc en ciel, un rôti
de questions
Cuire
Doucement
la cuisson, silencieuse
Collectif
Soupirs
Où
vont tous les soupirs que l’on pousse à Venise ?
C’est
dans les soupiraux qu’ils vont, tous ces soupirs.
Sans
jamais revenir !
Où
vont tous les soupirs des prisons, des églises ?
Dans
les airs, dans les cœurs, sur les peaux et les arbres, sous les
vents et la pluie, vers ailleurs
Au-delà
des frontières, des barrières, des clôtures, des murs
Revenir
Les soupirs envolés toujours
Collectif
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