samedi 6 avril 2013

Divers



Téléphone arabe

Au café de la Fleur, on vit souvent Magritte

Oh ! Qu’a fait de la fleur l’envie sous le vent Marguerite ?

Oh qu’a fait de ta fleur la vie sous le vent atlantique ?

Ah qu’a fui de tes pleurs la vie sous le vent atlantide ?

Et que fait de tes pleurs le vide sous le vent atlantide ?

Au café de Honfleur, le vieux soulevant l’Atlantide !

Françoise Guichard

Alexandrins en eur et ière ou ère pour poème combinatoire

Sur la grand-place l’estrapade nous fait peur
Les « cornichoncetés » du square sont les fleurs
Les banquiers voleurs déshabillent la crémière
Le Maure est allongé couché sur la rapière
Ô statue mise à nu par les banquiers voleurs
La nuit à l’Amigo tu ne fais plus la fière
Les haricots ont un début très prometteur
Affiché en flamand, la Bourse ça fait Beurs
La gueuze a un goût très curieux pour une bière
La Lettre aux Oulipiens a été lue en chaire
Pour le climat Bruxelles ça ne vaut pas Hyères
Tous les petits métiers sont vus par les sculpteurs
Sans âme un violon n’est ni fait ni à faire
On trouve Tonnelier mais jamais Dentellière.

Élisabeth Chamontin



Il a suffi que je meure pour qu’on me démolisse d’abord et me réhabilite ensuite. Dans l’état de fantôme où je suis, je ne puis que contempler le résultat de ces élans antagonistes qui, un, taillent, deux, brisent et trois, réparent à grands frais, la pierre ou la brique ou le verre qu’ils ont détruits...

Auguste Defise, que j’écoute depuis ce matin s’emballe pour le développement de Bruxelles, la révolution industrielle, l’arrivée des immigrés flamands dans le quartier des Fabriques, autour de la jolie place Jardin aux fleurs, aujourd’hui repaire d’artistes venus de Flandre aussi. Auguste m’a ému, il a évoqué la qualité de mon travail en parlant des écoles que j’ai conçues!

Au travers des ruelles et des places que nous arpentons, surgissent révoltes, rencontres avec Marx, César de Paepe, quelques bourgmestres, des syndicalistes, la Maison des Brasseurs et le Cygne tout à côté qui accueillirent, l’une le parti libéral, l’autre, le futur parti socialiste.

Midi, déjà !

J’aurais bien voulu revoir ma maison, mais la balade nous a menés ailleurs. Plus le temps, il faut que je réintègre la tombe.

Avant de disparaître, je vais remercier Auguste, de ce pas !


Michelle Poznantek




Consignes : Bouts rimés en alexandrins dont les rimes doivent être en EUR et en IÈRE. Thème : portrait de Bruxelles.
NB : ces bouts-rimés ont été introduits dans un programme sur l’ordinateur de Martin Granger et cela donne 57600 poèmes-portraits, allez voir sur l'internet en cliquant ici.


Egmont et Hornes : quoi ? Ça ne date pas d’hier !

Boire ou se battre il faut choisir ; quel grand malheur !

L’archange Saint-Michel voit tout sous sa visière

À l’estrapade fut soumis ce grand baiseur

Suzanne Fuks



Alleï te faut révolutionner avec
Consigne 1 : discours révolutionnaire en « vers turcs »

1830 - Discours séditieux de Charles Rogier, par ailleurs inventeur de l’élocution à la turque qui permet de déjouer les caméras de surveillance.

Citoyens, soldats, gaillards, gaillardes, casse tes chaînes ! Casse les lois injustes qui nous enserrent !

Cours à l’assaut de tes odieux tortionnaires, arrache la gueule de ces canailles, de ces chiens galeux et de leurs sentinelles ! Renie leurs dieux et leur culture de chiotte, assassine ces hyènes qui nous écrasent !

Qu’il ne reste rien de leurs richesses, de leur orgueil sadique et de leur cruauté glauque. Leur roi est nu ! Ce n’est qu’un clown édenté, un déchet racorni. Sa descendance !? des gringalets stériles et rachitiques. Ses conseillers n’éructent que des crachats caca d’oie. Ce roi sera le dernier d’une lignée de traîtres et de dégénérés.

Allons les gars, allons les gueuses, allons à Laeken !
Détruisons les chasses royales, arrosons de nos cris héroïques ces richesses honteuses qui nous insultent, étranglons tous ces rentiers, ces actionnaires qui sucent notre sang. Notre courage sera sans crainte et sans nuances, rien ne l’arrêtera.

Allez les gars, allez les gueuses, sus au château ! À nous les draps de soie, les gros sous, les honneurs ! À nous l’histoire, la Grande Histoire ! Nous serons la gloire de ce siècle ! Notre nom restera inscrit dans les cœurs et les entrailles, notre nom sera l’éternité : ordre, égalité, justice.

Alleï te faut révolutionner avec
Consigne 2 : plusieurs niveaux

Il fait vraiment bien froid dans ce parc de Bruxelles,
Le drapeau flotte sur le palais royal
Le roi est donc bien là, se reposant du bal
Froid et gris et pluvieux, un jour sans étincelle
Mais le guide est bien chaud,
brave pey à poils blancs
Je promenais ici lorsque j’étais enfant
Tous les après-midis, dans les bras de maman

Ce parc, nous dit le guide,
C’était 40 hectares,
Pétris d’une bourgeoisie
Confite comme un canard
Voyez, l’allée centrale
Relie la voix du peuple et la chambre royale
Le kiosque est toujours là
Celui que j’aimais tant
Les violons do ré mi fa
Faisaient rire les enfants
Ce kiosque fut construit en l870
Le schieven architect des Galeries de la Reine
Lui a donné le jour sans ménager sa peine
Ah ! c’était un malin, ce brave Cluysenaer :
La verrière de la Reine est autonettoyante
Plus besoin de prolos, c’est vraiment du grand art
J’aime bien ce guide-là, bien rond dans sa parka,
Un ketje de Bruxelles amoureux de sa belle
Et maintenant la colonne où dort un p’tit soldat
Avec trois vieux boutons sur sa veste cra cra
Un pauvre petit gars, mort sans la trouver bonne
Cette guerre de vieux cons
Qui lui valut,
C’est peu,
Un brasero miteux



Après la Fonderie – Visite de Mozart à la classe ouvrière

Vous qui savez bien sûr combien les temps sont durs
Pour vos mâles abrutis de cadence infernale
Courbés sur leurs machines, leurs visages si pâles,
Rongeant leur frein, leurs ongles, en marasme total

Mesdames, offrez-leur, quand ils reviennent au nid
Les plus folles ardeurs, les douces chatteries
Que mes notes ont soufflé dans vos cœurs alanguis
Allegro piano, dansez mi, chantez si

Jouez-leur le grand air soprano jambe en l’air
cadencez minaudez trémolez parfumez
Ces travailleurs crevés dont si triste est la chair

Soyez leurs taupinières, soyez leurs champs de blé
Sur leurs membres amers, roucoulez vos baisers
Vous qui savez Mesdames, si bien les cajoler.

Marianne Prévost


Contribution à la Gazette d’Auguste
180 caractères
Papier d’Anvers
(Wana-le-taulier)
1866 : le Bourgmestre de Bruxelles met fin aux épidémies véhiculées par le cloaque de la Senne. En attendant le voutement, les résidents de l’îlot Saint-Géry sont mis en quarantaine

Wana

Contraintes : caviardage du livre Le labyrinthe belge, p. 64 et 65

La tradition fasciste me donne toujours le fou-rire. L’instituteur d’un village maladroitement néerlandisé n’a pas le moindre calibre intellectuel : il appelle ses fidèles les libéraux. Le parti autoritaire après quelques hésitations de courtes durée décide la création d’une collaboration dans les rues vertes regroupant la Flandre et le Moyen Âge. C’est la milice de culture française rigide et autoritaire qui n’envisage même pas la résistance anti-belge.

Nadège Moyart

Partie d’un discours sur la révolution (en vers turcs)

Oh Seigneur, toi qui nourris l’écorce de nos cœurs
Aide-nous à écraser ces Oranges qui nous écœurent
Sainte-Gudule, guidez-nous
Les iconoclastes se cassent, gudulez-nous !

Anne Jaucot


SONNET

L’œil perplexe et non sans une once de dégoût,
Debout au fond du parc depuis des décennies,
Au soleil, sous la pluie, à midi, à minuit,
Mercator s’interroge : Suis-je devenu fou ?

Où sont passés nos terres, nos mers, nos continents ?
Dieu m’aurait-il puni pour mon agnosticisme
Serais-je donc victime du postmodernisme ?
Est-ce l’oisiveté qui m’a rendu dément ?

Mon père, expliquez-moi le sens de cette farce !
Quel vil individu, quel idiot, quelle garce
S’est amusé à effacer ma mappemonde ?

Dans nos cinq océans, il n’y a plus une goutte !
Ce n’est plus notre terre, c’est un ballon de foot !
Et maintenant que faire de cette chose ronde ?

Virginie Tahar

Mon métier me parut vain, ce qui est presqu’aussi absurde que de le croire sublime. Qu’avait écrit Marguerite lorsqu’elle a fumé ça ? La promenade dans le parc ne nous le dit pas. Si elle était fée des fromages, de telles odeurs ne l’auraient pas effleurée.
Certes, ça ne veut rien dire si on n’a pas l’autre partie, rédigée par la maman de Bénédicte, la lyonnaise, j’ai oublié son prénom…
Laurence Magnée

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