Balade
sur la révolution belge avec Alain Tillière
Groupe
d'écriture formé de
Daniel,
Marianne, Anne, Antoine, Hugo et Nadège
Première
proposition :
Caviardage
du Labyrinthe belge de Geert Van Istendael
Deuxième
proposition
Discours
révolutionnaire en vers turcs
par
groupes de 2 : exorde, attaque, proposition
Troisième
proposition
En
s'inspirant de la construction apparente de l'Ode à la ligne 29 des
autobus parisiens de Jacques Roubaud, nous avons écrit des Odes aux
balades bruxelloises
alexandrins
(ou non) rimés avec décalage du vers vers la gauche à chaque
niveau de digression (précision historique, souvenir personnel,
commentaire de la narration...)
Dans
les Musées Royaux des Beaux Arts, art ancien
Les
colonnes s'impos' et non pas pour les chiens
Le
grand format triomphe et notre guide expose
Les
journées de septembre où chacun prend la pose
Ouvriers,
libéraux s'offrent à la patrie
Le
drapeau vertical frise l'anachronie
Tant
pis, c'est Watters qui a fait cette faute
On
ne les traque pas tout' y en aurait bien d'aut'
On
tambourina sec plus tard à la demande
De
la Reine, musiqu' fanfare sur commande
Les
musiciens payaient souvent ainsi leur hôte
Une
flûte, un tambour au prix d'une entrecôte
Le
flamand économe sut choisir la chorale
La
voix n'est pas cher et c'est bon pour le moral
Même
si nul hussard ne figure au tableau
Apprenez
cependant que les crins des chevaux
Comme
les nattes humain' protègent de la lame
On
ne voit pas ici les plus de quat'cents âmes
Mortes
pour la Belgique mais Léopold roi trône
Il
porte à gauche même c'est pas du silicone
Il
est de la famill' pas la mienne bien sûr
Celle
du grand Gotha
On
quitte tous ces murs
La
balade s'en va de la Place Royale
La
révolution belge est plutôt propapale.
Coraline
Soulier
Contraintes :
façon Ode à la ligne 29
Dans le froid glacial de
la place Royale
une statue équestre se
dresse impériale
Godefroid de Bouillon
quel est ce trublion ?
Preux chevalier couronné
roi de Jérusalem.
Aujourd'hui comme hier
triste ville blême
bataillée et divisée
en trois religions.
Une histoire mouvementée
le cheval au pied levé
nous l'indiquait avec
fierté
Les 4 fers posés
auraient au contraire
suggéré
une vie reposée.
Mais c'est sous nos
pieds que repose
les fondations de
l'ancien palais
parti en fumée morose
alors que l'eau était
gelée.
Gelé presque autant
que nos nez
qui dépassent
piteusement entre écharpe et bonnet.
Que vient faire là le
soi disant roi de Jérusalem ?
Le guide nous éclaire
sur l’excentricité des belges.
Et ce palais d'ailleurs
n'était-il pas un harem ?
Nadège Moyart
Une
ballerine muette et rebelle nous promène dans Bruxelles
(Il
faut avouer que celle-ci osa enfin se dévoiler lorsque son fiancé
anglais fut envésuvé…)
Ici
la musique est un bruit qui coute cher
Et
les trompettes trempent dans les bars
Lorsque
se saoule la fanfare.
(Les
Flamands, eux, avaient déjà compris comment faire des économies,
en préférant le chant et les livres aux instruments ivres)
Osons
maintenant parler du Roi Prems
Qui
pour ne pas faire de jaloux
Faisait
l’amour puis la guerre
Il
nous quitta les quatre fers en l’air
(les
fers, pas ceux de son cheval, brave animal)
Et
le drapeau reste bien tendu aujourd’hui encore
Lorsque
le roi ne couche pas dehors.
Mais
sur ces têtes couronnées, je ne m’éterniserai
Car
la gloire a ses déboires et suinte le pouvoir.
(Et
l’on raconte même que dans les parcs, ces héros verdissent
là
où les saoulards pissent).
Et
non loin d’où repose au chaud le soldat inconnu
Où
les campeurs anglais font leur barbecue
Brûle
cette flamme, la Patrie pour l’Eternité
Qui
ne semble pourtant pas réchauffer
Ces
pauvres au cœur d’une Europe brisée.
(Et notons qu’avec la
révolution, tourne encore en rond l’exclusion)
Anne
Jaucot
Ode
à la ligne 29 des autobus parisiens de Jacques Roubaud.
Entre
parenthèses
Nous
partîmes cent, nous arrivâmes sept.
Ni
une, ni deux, à peine en route,
par
son charme, alléchés, sans doute
alors
qu'sur les marches, le guide végète.
Pochet,
lui nous entraine,
vers
des bas fonds vitriolés.
Jean-Michel
comme au bistrot,
Pour
la vélorution, y va molo.
Alors
notre guide Alain attend
Comme
à Jérusalem, Godot-froid, l’argent
On
arrive enfin, sous les auspices,
d'la sainte république.
Où
Wiertz, la révolte peint.
Le
tournoi s’annonce épique.
Alain
ferraille, défend son bien,
mais
c’est Pochet qu’emporte le point.
Qui
aura le dernier mot,
De
cette joute oratoire,
entre
zwanzeurs patentés.
Tout
autant déraisonnables,
qu’une
vache privée de veau.
Aussitôt
qu’Alain le marque, à la culotte
Pochet,
dégaine et puis, ergote.
Coraline,
compte les minutes,
s'
fiche d' la belge révolution,
de
tout ce sang, de toutes ces brutes,
Bart
l’attend ce soir, sous les lampions.
C’est
l'Bart de Gand, évidemment.
Pas
l’anversois
qui
cite Rome à tu à toi,
comme
le cornichon mitré : j’ai nommé François Ier.
Pas
Le lyonnais, non l’argentin,
qui
des geôles argentines,
tel
une vierge visite-andine,
Jésuite,
jusqu’au bout des saints, ne pensa rien.
Mais
le soir arrive enfin, aube du grand Pochet,
qui
de son antre, on le devine,
tel
le phénix nous attendait.
ka
dit kenô ke nous n'konûmes ?
Grâce
à Pochet, même pas un rhume !
Kar
Pochet, ka lu keno, in extenso.
Sous
sa kippa, konait l'koko, kom le koto.
Il
a sa kaskette, pi son kepi,
lui
mank juste que le kiki.
C’est
plein d'Rekeuils de poèsie,
ki
volent kekfois en eskadrille,
Dans
les toilettes,
banal,
y a du papier,
oui,
mais ! Dédikacé, par not RiKi.
Quand
on aime, on n'Kompte pas,
c’est
bien konnu, c’est le karma.
Alors,
Jean-Michel y kour toujours,
Les
ventes publikes, les kollektions,
Dans
le Keno, comme le kochon, y a ke du bon.
Son
porte-feuilles c’est k'une éponge,
Francis
k'a tu fais là ?
L’a
peur de rien, même des kosakes,
Kalachnikov
au poing, flingue les patraques,
Ki de keno, voudrait les z'os.
Dans
la kuisine, kand on se kuite,
la
kwetch elle est servie,/ avec des kubes « Queneau qui rit ».
Le
ksar lui même c’est inkliné,
Devant
s'ke nomme la fakulté :
« un
kas Keno-tiforme », tout à fait désespéré.
Pendant
que rêve Coraline,
dans
les bras d'son Bart, son ange-gardien,
nous
on continue, on bosse, on rime,
sur ses fichus... Alexandrins.
On
me l’avait dit, maintenant j’l’affirme,
k'
à l’oulipo, c' toujours les mêmes, qui turbinent.
Quand
les belges s'tapent le turbin.
Ah,
ces français de bonne miNe,
qui
mangent notre pain.
Lutinent
nos filles, leur susurant du balzacien,
et
comme les satyres du musée ancien,
qui
n'jamais ne se débinent,
pendant qu'harassés nous on trime,
Eux,
ils s'font du bien.
et
nous rappele Coraline : n’oubliez pas l’alexandrin !
Mais
moi j’vous l'dis,
j’préfère Sandrine,
quand
sur mon corps zéphirin,
elle
fait d'la prose, de la poitrine.
Petit
secret : sur le sein gauche,
elle
a kek' chose d'gymnopédien.
Comme
Olivier le démontra, avec Martin
à
la muse Charlier, Samedi dernier
L’humaine
connerie, est infinie.
Hélas
pour l’alexandrin, à douze c’est la fin.
D'compter
mes doigts, j’ai mal aux pieds
Déjà
7 heures, Coraline pense surement « petit café »
Tandis
qu'moi toujours j’m’échine,
à ses petits pas de côté.
J’me
dis k'écrire, c’est l'bagne en Chine.
Et
puis Roubaud ! T’es qu’un Salaud.
Ode
à la vingt-neuvième ligne,
ça
semblait facile et beau.
Mais,
c’était que du pipeau.
J’pensais :
qu'mettre des parenthèses.,
Ce
serait comme un soir, à l’opéra,
poser
mon cul. Et puis voilà.
Il
est huit heures, j’ai pas dormi,
Ah
Coraline, t’es pas maline
d'nous
avoir laissé tomber.
L’alexandrin,
ça n’est pas rien,
on
s’épuise sans rimes, ni raisons,
alors
que d’autres bandonéons
tombent
les filles, ou les garçons.
Et
je te parle pas des vers turcs,
Y
en a plein dans mon quartier,
Mais
c'monde, c’est pas mon truc,
J’comprends
rien, z'aux labiales flutées
Queneau
secours, reviens nous vite,
Sans
me vanter,
c’est
Mozart qu’on assassine,
à
chaque vers, encore une fois.
j’l’égorge,
j’l' tue, le broie
En
alexandrins, ô, Coraline,
pour
mes derniers neurones, qui s’expriment,
me
d'mander ça ! mais c’est un crime.
Tu
veux vraiment m'tuer deux fois ?
Quand
Léopold se présenta,
le
peuple n’en voulait pas
Pas
d'roi, pas d'chocolat, leur dit alors Victoria
Les
Belges, sacrés couillons,
ont
accepté Léo, même pas Campion.
Daniel
Apelbaum
Sonnet rebelle: vitrine de boutique
En 4 temps, au rythme du
tambour d’une fanfare en marche
La
sophistication, la scarification,
Sera
la destinée d’une femme rebelle
Attisant
nomade, les désirs ardents tel
Un
ange, une sorcière, en mal de perfection
La
vraie dénonciation de vaines religions
Sera
la destinée de la tribu des belles
Sauvages,
sauvages, maniant la crécelle
De
celles qui vantent le charme de l’action
En 3 temps,au rythme
de la valse
Oh
sages et profondes forces de la terre
Titillez,
houspillez, encouragez nos mères
Qui
tremblent tout le jour pour l’homme d’une nuit
Car
fortes ou faibles, elles soufflent le printemps
Et
sèment le trouble dans l’esprit des amants
Qui
se quittent vite pour éviter l’ennui. (bis !)
Michelle Poznantek
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