dimanche 7 avril 2013

Divers 2




Balade sur la révolution belge avec Alain Tillière


Groupe d'écriture formé de
Daniel, Marianne, Anne, Antoine, Hugo et Nadège

Première proposition :
Caviardage du Labyrinthe belge de Geert Van Istendael

Deuxième proposition
Discours révolutionnaire en vers turcs
par groupes de 2 : exorde, attaque, proposition

Troisième proposition
En s'inspirant de la construction apparente de l'Ode à la ligne 29 des autobus parisiens de Jacques Roubaud, nous avons écrit des Odes aux balades bruxelloises
alexandrins (ou non) rimés avec décalage du vers vers la gauche à chaque niveau de digression (précision historique, souvenir personnel, commentaire de la narration...)

Dans les Musées Royaux des Beaux Arts, art ancien
Les colonnes s'impos' et non pas pour les chiens
Le grand format triomphe et notre guide expose
Les journées de septembre où chacun prend la pose
Ouvriers, libéraux s'offrent à la patrie
Le drapeau vertical frise l'anachronie
Tant pis, c'est Watters qui a fait cette faute
On ne les traque pas tout' y en aurait bien d'aut'
On tambourina sec plus tard à la demande
De la Reine, musiqu' fanfare sur commande
Les musiciens payaient souvent ainsi leur hôte
Une flûte, un tambour au prix d'une entrecôte
Le flamand économe sut choisir la chorale
La voix n'est pas cher et c'est bon pour le moral
Même si nul hussard ne figure au tableau
Apprenez cependant que les crins des chevaux
Comme les nattes humain' protègent de la lame
On ne voit pas ici les plus de quat'cents âmes
Mortes pour la Belgique mais Léopold roi trône
Il porte à gauche même c'est pas du silicone
Il est de la famill' pas la mienne bien sûr
Celle du grand Gotha
On quitte tous ces murs
La balade s'en va de la Place Royale
La révolution belge est plutôt propapale.

Coraline Soulier

É. Chamontin

Contraintes : façon Ode à la ligne 29

Dans le froid glacial de la place Royale
une statue équestre se dresse impériale
Godefroid de Bouillon quel est ce trublion ?
Preux chevalier couronné roi de Jérusalem.
Aujourd'hui comme hier triste ville blême
bataillée et divisée en trois religions.
Une histoire mouvementée
le cheval au pied levé
nous l'indiquait avec fierté
Les 4 fers posés
auraient au contraire suggéré
une vie reposée.
Mais c'est sous nos pieds que repose
les fondations de l'ancien palais
parti en fumée morose
alors que l'eau était gelée.
Gelé presque autant que nos nez
qui dépassent piteusement entre écharpe et bonnet.
Que vient faire là le soi disant roi de Jérusalem ?
Le guide nous éclaire sur l’excentricité des belges.
Et ce palais d'ailleurs n'était-il pas un harem ?


Nadège Moyart



Une ballerine muette et rebelle nous promène dans Bruxelles
(Il faut avouer que celle-ci osa enfin se dévoiler lorsque son fiancé anglais fut envésuvé…)
Ici la musique est un bruit qui coute cher
Et les trompettes trempent dans les bars
Lorsque se saoule la fanfare.
(Les Flamands, eux, avaient déjà compris comment faire des économies, en préférant le chant et les livres aux instruments ivres)

Osons maintenant parler du Roi Prems
Qui pour ne pas faire de jaloux
Faisait l’amour puis la guerre
Il nous quitta les quatre fers en l’air
(les fers, pas ceux de son cheval, brave animal)
Et le drapeau reste bien tendu aujourd’hui encore
Lorsque le roi ne couche pas dehors.

Mais sur ces têtes couronnées, je ne m’éterniserai
Car la gloire a ses déboires et suinte le pouvoir.
(Et l’on raconte même que dans les parcs, ces héros verdissent
là où les saoulards pissent).
Et non loin d’où repose au chaud le soldat inconnu
Où les campeurs anglais font leur barbecue
Brûle cette flamme, la Patrie pour l’Eternité
Qui ne semble pourtant pas réchauffer
Ces pauvres au cœur d’une Europe brisée.
(Et notons qu’avec la révolution, tourne encore en rond l’exclusion)

Anne Jaucot


É. Chamontin

Ode à la ligne 29 des autobus parisiens de Jacques Roubaud.

Entre parenthèses

Nous partîmes cent, nous arrivâmes sept.
Ni une, ni deux, à peine en route,
par son charme, alléchés, sans doute
alors qu'sur les marches, le guide végète.
Pochet, lui nous entraine,
vers des bas fonds vitriolés.

Jean-Michel comme au bistrot,
Pour la vélorution, y va molo.
Alors notre guide Alain attend
Comme à Jérusalem, Godot-froid, l’argent

On arrive enfin, sous les auspices,
d'la sainte république.
Où Wiertz, la révolte peint.
Le tournoi s’annonce épique.
Alain ferraille, défend son bien,
mais c’est Pochet qu’emporte le point.

Qui aura le dernier mot,
De cette joute oratoire,
entre zwanzeurs patentés.
Tout autant déraisonnables,
qu’une vache privée de veau.

Aussitôt qu’Alain le marque, à la culotte
Pochet, dégaine et puis, ergote.

Coraline, compte les minutes,
s' fiche d' la belge révolution,
de tout ce sang, de toutes ces brutes,
Bart l’attend ce soir, sous les lampions.

C’est l'Bart de Gand, évidemment.
Pas l’anversois
qui cite Rome à tu à toi,
comme le cornichon mitré : j’ai nommé François Ier.

Pas Le lyonnais, non l’argentin,
qui des geôles argentines,
tel une vierge visite-andine,
Jésuite, jusqu’au bout des saints, ne pensa rien.

Mais le soir arrive enfin, aube du grand Pochet,
qui de son antre, on le devine,
tel le phénix nous attendait.

ka dit kenô ke nous n'konûmes ?
Grâce à Pochet, même pas un rhume !
Kar Pochet, ka lu keno, in extenso.
Sous sa kippa, konait l'koko, kom le koto.

Il a sa kaskette, pi son kepi,
lui mank juste que le kiki.
C’est plein d'Rekeuils de poèsie,
ki volent kekfois en eskadrille,

Dans les toilettes,
banal, y a du papier,
oui, mais ! Dédikacé, par not RiKi.

Quand on aime, on n'Kompte pas,
c’est bien konnu, c’est le karma.
Alors, Jean-Michel y kour toujours,
Les ventes publikes, les kollektions,
Dans le Keno, comme le kochon, y a ke du bon.

Son porte-feuilles c’est k'une éponge,
Francis1 k'a tu fais là ?
L’a peur de rien, même des kosakes,
Kalachnikov au poing, flingue les patraques,
Ki de keno, voudrait les z'os.

Dans la kuisine, kand on se kuite,
la kwetch elle est servie,/ avec des kubes « Queneau qui rit ».
Le ksar lui même c’est inkliné,
Devant s'ke nomme la fakulté :
« un kas Keno-tiforme », tout à fait désespéré.

Pendant que rêve Coraline,
dans les bras d'son Bart, son ange-gardien,
nous on continue, on bosse, on rime,
sur ses fichus... Alexandrins.

On me l’avait dit, maintenant j’l’affirme,
k' à l’oulipo, c' toujours les mêmes, qui turbinent.
Quand les belges s'tapent le turbin.

Ah, ces français de bonne miNe,
qui mangent notre pain.
Lutinent nos filles, leur susurant du balzacien,
et comme les satyres du musée ancien,
qui n'jamais ne se débinent,
pendant qu'harassés nous on trime,
Eux, ils s'font du bien.

et nous rappele Coraline : n’oubliez pas l’alexandrin !

Mais moi j’vous l'dis,
j’préfère Sandrine,
quand sur mon corps zéphirin,
elle fait d'la prose, de la poitrine.
Petit secret : sur le sein gauche,
elle a kek' chose d'gymnopédien.

Comme Olivier le démontra, avec Martin
à la muse Charlier, Samedi dernier
L’humaine connerie, est infinie.
Hélas pour l’alexandrin, à douze c’est la fin.

D'compter mes doigts, j’ai mal aux pieds
Déjà 7 heures, Coraline pense surement « petit café »
Tandis qu'moi toujours j’m’échine,
à ses petits pas de côté.
J’me dis k'écrire, c’est l'bagne en Chine.

Et puis Roubaud ! T’es qu’un Salaud.
Ode à la vingt-neuvième ligne,
ça semblait facile et beau.
Mais, c’était que du pipeau.

J’pensais : qu'mettre des parenthèses.,
Ce serait comme un soir, à l’opéra,
poser mon cul. Et puis voilà.

Il est huit heures, j’ai pas dormi,
Ah Coraline, t’es pas maline
d'nous avoir laissé tomber.

L’alexandrin, ça n’est pas rien,
on s’épuise sans rimes, ni raisons,
alors que d’autres bandonéons
tombent les filles, ou les garçons.

Et je te parle pas des vers turcs,
Y en a plein dans mon quartier,
Mais c'monde, c’est pas mon truc,
J’comprends rien, z'aux labiales flutées

Queneau secours, reviens nous vite,
Sans me vanter,
c’est Mozart qu’on assassine,
à chaque vers, encore une fois.
j’l’égorge, j’l' tue, le broie

En alexandrins, ô, Coraline,
pour mes derniers neurones, qui s’expriment,
me d'mander ça ! mais c’est un crime.
Tu veux vraiment m'tuer deux fois ?

Quand Léopold se présenta,
le peuple n’en voulait pas
Pas d'roi, pas d'chocolat, leur dit alors Victoria
Les Belges, sacrés couillons,
ont accepté Léo, même pas Campion.


Daniel Apelbaum


Sonnet rebelle: vitrine de boutique

En 4 temps, au rythme du tambour d’une fanfare en marche

La sophistication, la scarification,

Sera la destinée d’une femme rebelle

Attisant nomade, les désirs ardents tel

Un ange, une sorcière, en mal de perfection



La vraie dénonciation de vaines religions

Sera la destinée de la tribu des belles

Sauvages, sauvages, maniant la crécelle

De celles qui vantent le charme de l’action

En 3 temps,au rythme de la valse

Oh sages et profondes forces de la terre

Titillez, houspillez, encouragez nos mères

Qui tremblent tout le jour pour l’homme d’une nuit



Car fortes ou faibles, elles soufflent le printemps

Et sèment le trouble dans l’esprit des amants

Qui se quittent vite pour éviter l’ennui. (bis !)


Michelle Poznantek
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1 Note de l’Éditeur : il semblerait que l’auteur ait ici sous l’effet d’une fatigue passagère, voir un moment de distraction, confondu, « Francis et Raymond ».

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